10.07.2009 / AGRICULTURE , PêCHE ET ENVIRONNEMENT VINGT QUATRIèME RAPPORT ANNUEL
Commissariat régional au développement agricole de sousse
Le champ d’intervention du Commissariat Régional au Développement Agricole de Sousse (ci-après le Commissariat) couvre une superficie de 191 mille hectares représentant l’ensemble des terres agricoles du Gouvernorat. La superficie arable, soit 154 mille hectares, est principalement affectée aux arbres fruitiers à concurrence de 56%, aux cultures céréalières pour 39% et aux légumineuses pour 3%.
La Cour a examiné les activités menées par le Commissariat durant la période 2001-2007, en matière de valorisation des ressources naturelles et de rationalisation de leur utilisation et a procédé à l’évaluation de la capacité du Commissariat à assurer l’exploitation optimale des mécanismes dont il dispose pour l’impulsion de la production agricole et de son suivi.
1- Exploitation et sauvegarde des ressources naturelles
Si le Commissariat est bien parvenu à développer la superficie irriguée, il n'en demeure pas moins que les périmètres irrigués et exploités n'ont couvert, durant les trois campagnes agricoles 2004-2007 et dans le meilleur des cas, que 71 % de la superficie irrigable. De même, le taux d’intensification agricole enregistré, au cours de la même période, n’a pas dépassé 88% alors que les études de rentabilité économique tablaient sur un taux supérieur à 100%.
Le Commissariat est appelé à instaurer un système de suivi, de contrôle et d’évaluation des performances de chaque périmètre irrigué, permettant d’en rapporter les réalisations aux objectifs escomptés par les études.
Il devra également établir un système d’information tel, qu’il puisse disposer d’un diagnostic de la situation des groupements de développement et être à même de leur offrir le soutien et l’encadrement de leur activité sur tous les plans.
Le Commissariat assure, en effet, la supervision de l’activité des groupements de développement et les assiste en matière de gestion administrative et financière. Néanmoins, ces derniers ne pouvant compter que dans une mesure très limitée sur leurs propres ressources pour l’entretien des systèmes d’irrigation, le Commissariat a continué à prendre en charge les travaux d’entretien courant des installations d’eau. Cette situation va à l’encontre de l’orientation arrêtée par les pouvoirs publics depuis 1987 et qui consiste à décharger le Commissariat des missions de gestion des réseaux d’irrigation pour se consacrer aux grands travaux de maintenance.
D'autre part, le Commissariat n'a pas atteint le niveau national d'équipement des périmètres publics irrigués en installations d'économie d'eau et, pour pallier cette situation il devrait engager une étude d'évaluation des programmes d'économie d'eau d'irrigation et de leur impact sur la consommation de l'eau, l'utilisation des engrais et la diversité des cultures.
L’évaluation à mi-parcours du 2ème Plan national de la conservation des eaux et du sol 2002-2011, a conclu à la modestie des résultats obtenus au niveau de l’ensemble des composantes de ce plan, puisque les taux de réalisation se sont situés entre 3% pour la création des lacs collinaires et 28% pour l’aménagement des bassins versants.
Afin de limiter les effets néfastes de l’exploitation intensive du sol dans les périmètres irrigués, le Commissariat assure le contrôle de la qualité des eaux des nappes phréatiques et profondes, leur degré de salinité, le taux de nitrate ainsi que celui de la qualité des sols pour en suivre la fertilité et la salinité, notamment quand ces zones sont irriguées par des eaux à taux élevés de salinité. Ces opérations de contrôle, auparavant semestrielles, sont passées, depuis 2007, à une fréquence annuelle.
Pour améliorer la fertilité du sol, son rendement et la qualité des cultures, le Commissariat devrait conduire les études nécessaires pour l’évaluation et le suivi de l’utilisation des engrais chimiques et des pesticides dans les périmètres irrigués.
Malgré les potentialités de la région en matière d'agriculture biologique, en particulier pour la céréaliculture, l’oléiculture, les pâturages et la production animale, les campagnes de sensibilisation organisées par le Commissariat pour faire connaître les bases et les techniques de l'agriculture biologique, ont suscité une adhésion timide de la part des agriculteurs à ce mode de production.
2- Encadrement des agriculteurs et financement des projets
Il a été constaté que les ressources financières affectées à la vulgarisation n’ont pas dépassé, pour la période 2005-2007, le taux de 1% du total des dépenses en investissement et qu’une part des crédits alloués à ce titre a été utilisée pour des dépenses de gestion. Il en résulte que les cellules de vulgarisation ne sont pas dotées des moyens essentiels à leur travail.
L’examen des différentes activités d’investissement prises en charge par le Commissariat a montré que les avantages financiers octroyés ont eu un impact positif sur la mobilisation des ressources en eau et l’utilisation rationnelle qui en est faite. Par contre, les résultats enregistrés dans d’autres activités d’investissement restent en deçà des attentes, eu égard aux encouragements consentis.
Le traitement adéquat des demandes de subvention et leur examen avec la célérité requise ont conduit le Commissariat à recourir à des méthodes de gestion automatisées. Toutefois, les logiciels de référence de l’application informatique adoptée n’offrent pas, compte tenu de leur ancienneté, les conditions de souplesse et de rapidité de l’utilisation des informations que requiert la gestion des dossiers d'investissement.
3- Production agricole
Il s'avère que le Commissariat a besoin d’un système d'information intégrant l’ensemble des intervenants, qu'il s'agisse des divisions et arrondissements techniques du Commissariat ou des Directions régionales.
L’examen de l’exploitation de l’application informatique spécifique pour la carte de production agricole du Gouvernorat, a permis de constater que le Commissariat ne disposait toujours pas de structure permanente pour le suivi de la carte agricole, sa mise à jour et l’encadrement des utilisateurs.
Nonobstant les campagnes de sensibilisation autour de la carte agricole initiées par le Commissariat auprès des différents intervenants, le champ d'utilisation de cet outil n'a pas couvert toutes les structures opérant dans le secteur dont principalement la représentation régionale de l'Agence de promotion des investissements agricoles. Cette situation ne favorise pas l'obtention d'informations complètes et précises répondant aux besoins du suivi et de l'évaluation du développement du secteur dans la région.
Les résultats positifs enregistrés au niveau de la production agricole ne peuvent pour autant occulter les insuffisances constatées au niveau des principaux secteurs de production agricole de la région qui ont empêché que les programmes conçus par le Commissariat pour l'intensification et la diversification de la production agricole soient pleinement mis à profit. Ainsi, en dépit des efforts entrepris par le Commissariat pour sensibiliser les agriculteurs du secteur de l’oléiculture, leur fournir les plants et les soutenir pour la préparation des sols, l’adhésion des bénéficiaires des différents programmes de rajeunissement des oliviers n’a pas atteint le niveau escompté.
Par ailleurs, le secteur de l'élevage, qui représente 28% de la valeur de la production agricole de la région, souffre de l’insuffisance des pâturages naturels, tandis que le secteur de la pêche n’a pu atteindre les objectifs assignés malgré l’évolution de la production annuelle durant le Xème Plan et la première année du XIème Plan.


